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Le cas des « mauvaises » habitudes

Publié sur 2 Commentaires 8 min. de lecture

On a beau lire des livres ou des blogs sur la maternité et la parentalité ou encore écouter des podcasts, notre enfant est unique et n’arrive pas avec la notice. Alors chaque parent compose ses propres rituels pour apaiser les pleurs de son enfant, l’endormir ou pour qu’il mange de tout… Et parfois, on est fatigué et on fonctionne à l’instinct, on garde les astuces qui ont de bons résultats même si elles sont jugées comme des manières « à proscrire » de peur que l’enfant prenne des « mauvaises habitudes« . On parle aussi du fait que ça peut engendrer le fait que le bébé en fasse des caprices pour que l’habitude en sa faveur persiste, mais c’est presque un autre débat.

Vous avez certainement remarqué vous aussi qu’il existe beaucoup de croyances populaires sur ces « mauvaises habitudes ». Je parle de ces actions que des parents vont exercer en routine en les trouvant anodines mais qu’une majorité de la société trouve néfastes pour le bébé, ou bien bonnes pour ton bébé mais un boulet pour ton couple du type « ah il dort dans votre chambre ? Hmm faites attention, vous lui donnez de mauvaises habitudes! ». Tac !

Mercredi dernier, j’évoquais le regard des autres sur le rythme d’apprentissage de nos enfants, aujourd’hui je voulais vous parler de ces « mauvaises habitudes » à la maison. Chez nous aussi, il y a eu le prescrit, et le réel ! Voyons avec deux enfants pour recul (4 ans et demi et presque 18 mois) où en sont ces mauvaises habitudes et les bénéfices VS le malus. 

Les mauvaises habitudes à la maison

Nous avons toujours fait les choses selon notre mode de vie propre, notre ressenti, nos émotions et la personnalité de chaque membre de la famille. Je pense que nous avons toujours veillé à ce que la sécurité de chacun ne soit jamais compromise mais plutôt en visant le bien-être de nos enfants. En tous cas, il y a ces choses que j’ai faites en mon âme et conscience et pour lesquelles nous avons eu des remarques ou bien je me demandais moi-même si c’était mal ou s’il fallait fixer un stop à cette pratique.

  • Concernant mon fils, on nous a offert un parc et un trotteur que nous avions mis sur la liste de naissance. Le parc était là comme une sécurité dans la grande pièce principale du fait que le chien vivait beaucoup dans la maison. Nous avons attendu que Pierre commence à vouloir se mettre debout en se tenant aux barreaux pour retirer le parc. Le grand parc ne freinait pas du tout le fait qu’il se retourne et qu’il se mette assis dans un premier temps. Considérant que ça le freinerait à partir du moment où il voudrait se déplacer, nous avons retiré le parc dès qu’il a montré des signes de ce genre. Idem pour Juliette. Pour le trotteur, quelques professionnels de santé diront que c’est mauvais pour le développement des jambes, etc. Sincèrement, je ne suis plus trop pour maintenant. À l’époque, j’étais déjà partagée et c’est pour cela qu’il a utilisé cet objet mais finalement peu de temps et assez peu par jour comme il avait accès à sa petite voiture porteur finalement. Juliette n’a pas eu le trotteur mais a, à sa disposition, la même voiture porteur… L’un aura-t-il les pieds déformés ? L’autre aura-t-elle des retards de motricité ?
  • Juliette a dormi dans un couffin dans notre chambre au retour de la maternité pendant 2 mois et une semaine. Les mois suivants, elle a eu besoin de téter une fois dans la nuit à nouveau et il se trouve que ça se finissait en cododo dans le lit des parents et d’un côté, j’ai adoré ça. C’est mal ? Et il ne faudrait pas qu’elle s’habitue, si ? Sinon quoi ?
  • Juliette a un énorme besoin de contacts et demande à être beaucoup portée. Je l’ai énormément portée en sling pendant sa première année (le transat qui balance ne m’a soulagée qu’un temps) et aujourd’hui, elle est toujours demandeuse de câlins, de voir le monde de nos bras, de se blottir très fort dans notre cou… Nous l’avons beaucoup portée pour l’endormir, pour la bercer, cette petite fée au sommeil si léger. Je me revois compter les tours de tables, je me rappelle regarder le compteur de pas augmenter sur ma Fitbit… À un moment, il nous est arrivé de nous demander si nous faisions une bêtise ? Et combien de temps ça allait durer ? Comment allait-elle savoir s’endormir seule ?
  • Pierre a toujours hyper bien dormi jusque ses deux ans faisant partie de ces bébés qu’on a juste à poser dans le lit aux premiers signes de sommeil et hop, il dormait. À 2 ans, lorsque nous sommes passés au lit de grand, il se levait pour jouer dans sa chambre et lorsque nous étions couchés, il venait rejoindre le lit parental. La seule solution sans cri ni pleur pour qu’il reste dans son lit et s’endorme assez tôt (parce qu’il pouvait tenir à jouer jusque 2 heures du matin sinon), c’était de s’allonger à côté de lui pour qu’il trouve le sommeil dans un doux câlin après une belle histoire. Le souci était que le parent s’endormait parfois avant (et Pierre dans les 5 minutes suivantes) et se réveillait vers 22h30, à côté du petit… La soirée était finie, c’était rageant mais à l’époque, c’était tout ce qu’on avait trouvé pour l’accompagner gentiment à trouver le sommeil dans son propre lit et le caler à l’horaire. Les questions fusaient : est-ce qu’à 4 ans, il aura encore besoin qu’on l’endorme ainsi ? Ça a duré environ 10 semaines comme ça.
  • Côté tétées : les deux ont toujours fait plus de tétées quotidiennes que la moyenne, surtout les premiers mois puisque ce sont deux bébés de la canicule… Et si je leur donnais de mauvaises habitudes ?
  • Côté rituel, je lis systématiquement une histoire le soir à chacun. Sauf lorsqu’on dîne chez des amis ou ailleurs et qu’on rentre tard. Sinon, il n’y a pas de coucher sans histoire. On m’a déjà demandé « tu n’as pas peur que ce soit une mauvaise habitude / d’être esclave de cette habitude ? « . 
  • Côté mode de garde, mon fils a été gardé à 16 mois la première fois à raison d’une journée et demie par semaine. À 19 mois, nous sommes passés en crèche à 4 courtes journées par semaine que je modulais en supprimant des jours au besoin de mon activité. Allait-il être à l’aise avec d’autres enfants en n’ayant jamais été gardé avant ses 16 mois ? Ne serait-il pas trop collé à ses parents ?
  • Quand, devant d’autres personnes, j’ai accueilli les émotions d’une crise de frustration de Pierre par un câlin, on m’a demandé si je n’avais pas peur qu’il s’habitue à être récompensé de ses caprices ?
  • Ma fille sait manifester par des pleurs si elle ne veut pas être couchée. Dans ce cas, je ne la laisse pas pleurer dans son lit. N’ai-je pas peur qu’elle ne sache jamais trouver le sommeil seule ?
  • Comme beaucoup d’enfants, mon fils ne fait pas forcément ce qu’on a envie qu’il fasse et on peut avoir besoin de répéter, il peut chercher à discuter, etc. On m’a déjà demandé si je n’avais pas peur qu’il prenne la mauvaise habitude de nous répondre, de faire le chef ?  

Combien de fois se pose-t-on ce genre de questions en tant que parents ? Et surtout, combien de fois nous fait-on des réflexions sans qu’on ait demandé l’avis de qui que ce soit ?

Les séquelles des mauvaises habitudes

Quand je regarde en arrière, je ne vois pas de trace de tout cela. Aucune mauvaise habitude n’est restée coincée dans l’engrenage. Alors, ne serait-ce pas des étapes par lesquelles nous passons tous ? N’y a-t-il pas des cycles chez les enfants avec  lesquels on s’accommode comme on peut et comme on veut, et au final, c’est pas grave ?

Aujourd’hui, aucun de mes deux enfants n’a de problème de motricité, manifestement.

L’accompagnement au sommeil de mon fils n’a duré que 10 semaines (au passage au lit de grand) depuis qu’il est né. Aujourd’hui, il n’a aucun souci à s’endormir seul (après son histoire et un temps où il va parcourir le livre lu seul). Il arrive qu’il vienne dans le lit parental à 5 heures du matin à cause d’un cauchemar mais c’est anecdotique. Il ne demande pas pour autant les jours suivants à dormir avec ses parents. 

Après le sevrage, aucun de mes enfants n’a montré d’attirance pour téter mes seins, ni le sein de quelqu’un d’autre. Aucune addiction de ce côté-là. 

Dès ses 12 mois, Juliette manifestait déjà moins le besoin d’être en porte-bébé et on le dégaine aujourd’hui pour les promenades dehors uniquement, et les vacances.

Pierre est passionné des livres et je ne vois pas où est le souci.

Côté câlin en cas de crise et ne pas laisser bébé pleurer, je suis convaincue que c’est ce qu’il faut faire, c’est pourquoi je le fais. Je me fie aux études neuroscientifiques démontrant les dommages sur le cerveau à laisser un enfant pleurer mais surtout, c’est mon instinct qui me dit de faire ainsi. En outre, je  suis persuadée que laisser un bébé pleurer crée chez lui un sentiment d’insécurité puisqu’en fonctionnant ainsi, on ne répond pas à son seul moyen de communication. Dans les cas de crises de frustration, j’ai eu une période pas très cool moralement où le ton montait et je me suis vite aperçu que ça empirait les choses. Je cherche davantage aujourd’hui à le faire aller dans mon sens doucement mais sûrement pour obtenir sa coopération plutôt que de le brusquer à faire ce que je lui demande. Pour le fait qu’il discute ce qu’on lui demande gentiment, je trouve que c’est plutôt un signe d’intelligence que je regarde avec du recul aujourd’hui, avec le sourire. 

Aujourd’hui, j’écris tout cela ici car je reçois des messages de jeunes mamans qui s’inquiètent de toutes ces choses et qui se demandent si elles ne devraient pas être plus fermes, mettre plus de règles… Comme dit plus haut, je pense que dans une famille avec des jeunes enfants, il faut accepter qu’il y ait des cycles dans lesquels des habitudes vont s’instaurer pour s’en aller progressivement lorsque les enfants grandissent. 

De notre côté, les habitudes ont souvent été mises en place pour rassurer les enfants, leur montrer que nous étions là. Une fois que l’enfant prend conscience de cela, toutes les techniques plus ou moins recommandables s’estompent une à une, pour laisser une bonne ambiance de confiance mutuelle, et c’est ça qui est bon ! 

Bref, tout ça pour dire qu’il ne faut pas être trop dure avec soi-même et faisons plutôt ce qu’on pense être le meilleur pour son enfant. Tant que le stratagème respecte le bien-être de tous, c’est le résultat qui compte. 

Et toi, est-ce que tu t’es torturé(e) sur ces mauvaises habitudes de jeune parent ?

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2 Commentaires
  • Clem
    février 2, 2020

    Merci pour cet article !! Je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris. Chez nous c’est beaucoup le papa qui s’en occupe (il ne travaille qu’à partir de 16h30) et donc on a une nounou à domicile seulement 8h dans la semaine (2 après-midi) et pareil les gens se demandent comment ils vont se sociabiliser, etc… déjà les gens oublient que eux-même parfois ont été gardés par un de leurs parents jusqu’à leur entrée à l’école, et mon conjoint les emmène faire plein d’activités où ils y rencontrent d’autres enfants,… et pareil, nous sommes pour accompagner l’enfant, ne pas le laisser pleurer. Nos enfants se développent très bien! les gens deviennent parfois pénibles quand tu as des enfants. Mais maintenant j’essaye de prendre du recul et de me faire confiance.

    • Justine
      février 19, 2020

      Coucou,

      c’est sûr, ma sœur et moi-même ne sommes jamais allés chez une nounou ou en crèche, nous avions les grands-parents proches de la maison et ma mère travaillait quasi à domicile quelques heures par jour.
      merci pour ton retour
      bises