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10 conseils pour limiter les crises

Publié sur 2 Commentaires 11 min. de lecture

Parlons d’un sujet qui fait trembler les parents sous les chaumières: les crises ou colères des touts petits. Je n’aime pas trop les termes de crise et colère qui mettent tous les sentiments des enfants dans le même panier. En général et avant 5 ans, ladite crise est simplement l’expression des sentiments de frustration de l’enfant, celui-ci ayant le cerveau encore trop immature pour gérer ses émotions. Les « colères », ou tempêtes émotionnelles comme je préfère les appeler, sont leur façon d’exprimer des émotions, trop violentes à subir.

Pour gérer une crise, quelque soit le domaine, il est bien de connaitre ses causes de déclenchement. Chez l’enfant, son comportement inapproprié et sa colère peuvent être dus, selon Isabelle Filliozat, à :

  • une recherche de stimulation,
  • un comportement d’appel pour satisfaire ses besoins,
  • une décharge de tensions, auprès de la figure d’attachement souvent, suite à des émotions et évènements trop forts (parfois même qui vous ont semblé positifs tels qu’une demi-heure de son dessin animé favori ou un tour de manège),
  • une réaction à une attitude de notre part ou à un grand changement (déménagement, grossesse…),
  • un comportement naturel de son âge : incapacité à gérer ses émotions ainsi que les grandes acquisitions (langage, marche, continence, etc.).

Tous les parents sont confrontés aux tempêtes émotionnelles de leurs enfants, et ceux qui ne le sont pas sont priés de quitter la salle, par respect pour les autres. Si ton enfant a 18 mois, ne te vante pas trop, ça arrive à grands pas ! D’ailleurs, avec cette photo d’enfant modèle à la une de l’article, on pourrait mal interpréter mon élan d’écriture en croyant que je veux donner des leçons à tout va car mon enfant est toujours sage et calme, et que moi je suis une mère parfaite qui ne monte jamais dans les tours… Redescendons du nuage, ça n’est pas le cas. Si je veux évoquer ces situations de colères (nombreuses car toutes différentes selon la cause), c’est que j’y suis moi-même confrontée et que j’aurais aimé, avant de les subir, avoir quelques outils bienveillants pour que la situation retourne au calme le plus rapidement possible. Voici donc quelques conseils, piochés ça et là (livres, blogs de parentalité, expérience…) que j’ai expérimentés avec Pierre et qui permettent de limiter la crise. Je prends des précautions en disant « limiter » car ces outils n’évitent pas systématiquement la tempête émotionnelle. À chacun de décrypter son enfant pour utiliser l’astuce qui correspond le mieux à une situation donnée, bien que ces crises puissent être déroutantes et légèrement démesurées, j’en conviens. En les lisant, on se rend compte que tous ces conseils vont de soi, par leur logique et leur bienveillance, mais dans l’action, ça demande souvent une certaine réflexion de les utiliser plutôt que de s’énerver… Je ne suis pas parfaite et je ne réussis pas à chaque fois, selon ma patience du moment, à mettre en œuvre ces préceptes ci-après. En revanche, quand je les utilise, qu’ils fonctionnent ou non sur le moment, je me sens beaucoup mieux, plus apaisée, plus sereine (le pouvoir de la bienveillance)!

  1. Veiller à satisfaire ses besoins physiologiques puis ceux de son enfant.

Pyramide des besoins de Maslow, source Google images

La pyramide de Maslow, un outil très utilisé en marketing produit, illustre bien ce premier conseil. Le principe est qu’on ne peut agir sur les motivations « supérieures » d’une personne qu’à la condition que ses motivations primaires (besoins physiologiques et de sécurité) soient satisfaites. Chez l’enfant, j’entends par besoins physiologiques le sommeil et la faim mais aussi la stimulation excessive (par écrans ou sucre) et l’ennui. Pour Pierre, je veille donc depuis le plus jeune âge à respecter un rythme de sieste et coucher et d’avoir toujours à boire et à manger (une Pom’potes, des abricots secs, un gâteau…) sur moi au cas où lors d’un déplacement avec lui, je serais forcée de retarder l’heure du repas.

J’essaie d’ajuster ses temps d’occupation par des activités mais je laisse aussi des temps morts, des temps d’ennui… La télévision est aussi autorisée mais dosée.

Si vous êtes parents, vous avez aussi très vite réalisé que vos besoins physiologiques propres doivent aussi être satisfaits. La fatigue est effectivement vecteur d’impatience donc ça peut sembler égoïste mais il faut savoir passer avant ses enfants. C’est comme si lors d’un incident d’avion au cours duquel vous deviez mettre les masques à oxygène, il faut mettre le sien pour être capable de mettre celui de son enfant, vous me suivez ?

2. Ne pas s’énerver, « c’est un gosse ! »

On le sait tous : monter le ton, crier, c’est juste du bruit, c’est contre-productif et usant! Si on s’énerve, l’enfant s’excite d’autant plus et c’est la crise générale qui dure et qui dure… Je transpose parfois la situation à des adultes en me disant que si, au boulot, on me demandait de faire quelque chose en me criant dessus, je ne serais pas coopérative pour un sou. Avec les gosses, il en va de même. C’est alors important de connaitre ses faiblesses en tant que parent, de savoir où ça vrille pour apprendre quand lâcher prise ! Je sais par exemple que me concernant, il y a deux types de comportement inapproprié qui m’hérissent le poil par-dessus tout :

  • quand il se met en danger (exemple de l’enfant qui s’approche trop près de l’eau),
  • quand il fait quelque chose de dégoutant (brosser le lavabo avec sa brosse à dent pour la remettre dans sa bouche ensuite, toucher la queue du chien, rentrer dans la niche du chien, gratter la terre avec ses mains…).

Ça m’énerve au plus haut point donc j’apprends à lâcher prise et je me répète souvent en respirant profondément « ce n’est qu’un gosse ». Pour le point sécurité, je ne lâche prise que si Pierre est bien sécurisé mais je veux dire que j’apprends aussi à lui faire confiance, à lâcher du leste… Pour la propreté, j’ai appris à réserver mon énergie pour d’autres problèmes car après tout, les vêtements et les mains se lavent et je comprends qu’il veuille faire ses expériences…

Une fois toute la famille en forme et en pleine conscience, il faut savoir susciter la coopération de son enfant et les points suivants m’aident beaucoup.

3. Se mettre à hauteur de l’enfant.

Comment ça tu te mets devant la télé pour faire ta série de 50 squats chaque jour ? Heu moi, pas besoin, j’ai un enfant de 3 ans alors j’en fais tout au long de la journée! Et oui, lorsque je communique avec Pierre, je plie les genoux pour me mettre accroupi, et je le regarde droit dans les yeux. Rien que cela chaque jour à la crèche pour dire « maman va travailler à ce soir », ça permet à la séparation matinale de bien mieux se passer ! Imaginez-vous si votre chef était un géant et si vous deviez chaque fois relever la tête à 50 degrés pour l’écouter.

Dans ce cas, comme dans bien d’autres, j’ai vite réalisé que c’est au parent de s’adapter à l’enfant et non l’inverse.

4. Éviter les phrases négatives pour faire passer votre message.

C’est hallucinant comme cette méthode de communication se vérifie au quotidien. Il faut savoir qu’avant 5 ans, l’enfant ne discerne pas bien le sens des formules négatives. Par exemple, si vous dites « ne cours pas », il retient seulement « cours ». Désormais, je préfère dire « tu restes marcher à côté de moi », le message est perçu beaucoup plus clairement. Il y a moins d’embrouille à dire ce qui est permis plutôt que ce qui est interdit : dire « parle doucement » au lieu de « ne crie pas ». Ah et oui, il faudra le redire le lendemain, et le surlendemain et encore, et encore ! Bien que l’enfant ait un cerveau absorbant, chaque situation est nouvelle, ce n’est pas parce qu’il a compris qu’il fallait marcher en tenant la main à maman sur le parking de la crèche que c’est évident à faire de même sur le parking de Super U.

5. Enoncer des consignes simples, courtes et explicites, décrire.

Au mieux et quand j’y réfléchis (je ne suis pas parfaite et le naturel revient parfois au galop), j’évite de donner des ordres et j’essaie de formuler une demande précise. Par exemple, au lieu de « range ta chambre », je dis plutôt « peux-tu stp mettre tes LEGO dans cette boîte? ». Je me remets souvent à l’esprit que Pierre n’a pas encore discerné tous les concepts d’une « chambre rangée », de « se tenir tranquille », etc.

J’essaie aussi d’introduire des rituels et des associations d’actions, c’est mon truc préféré car je trouve que ça fonctionne presque à tous les coups ! Exemples de formulation où j’ai associé des actions afin que Pierre assimile la règle rapidement : « maison-chausson », « dehors-chaussures », « à table-serviette », « histoire-dodo »… Ces associations d’idées (attention, ça ne sert à rien de les énoncer sur un ton féroce) sont plus vite intégrées qu’un long discours tel que « à la maison, on enfile les chaussons ».

En revanche, il est préférable de donner des informations car n’oubliez pas, votre enfant est super intelligent ! Je discute beaucoup avec Pierre, parfois j’ai le sentiment de faire un monologue mais je vois bien qu’il enregistre des bribes, que son cerveau mouline et qu’il fait peu à peu ses propres associations d’idées… C’est aussi la raison pour laquelle je réponds toujours au « pourquoi ». Bien sûr, j’adapte mon vocabulaire mais j’observe au fil des jours qu’il intègre des choses et c’est le résultat follement passionnant de l’éducation! Par exemple, en plein mois de janvier, nous voilà en route pour la crèche et parfois, au lieu de dire un bref  « dehors-cagoule » (fermement et gentiment), il m’arrive d’être dans la discussion « nous sommes en plein mois de janvier, il fait très froid dehors, il neige et ta cagoule mettra tes oreilles et ta tête bien au chaud ». Lui sait ensuite ce qu’il faut faire derrière, ça mobilise son cerveau dans l’action… Ce qui me fait arriver au point 6 mais avant j’ajouterais qu’il faut expliquer la vérité. Si vous faites garder votre enfant pour partir en week-end en amoureux, dites-lui cela et n’inventez pas que vous êtes au boulot. Ne vous enfuyez pas discrètement quand il a le dos tourné en le déposant chez mamie. Non, on explique tout, l’enfant comprend tout !

La description a aussi beaucoup de pouvoir pour renforcer les comportements positifs. Par exemple, au lieu de dire « c’est bien » après l’action au point que l’enfant se demande « Pourquoi elle me dit c’est bien ? Parce que je suis assis ? Parce que je viens de faire un prout dans ma couche? Parce que j’ai mes chaussons ? », je dis « je suis contente Pierre que tu lises un livre calmement sur ton fauteuil ». C’est aussi très bon pour sa gestion des émotions que de les décrire : « oui je comprends que tu sois en colère ».

6. Donner des responsabilités, respecter le « moi tout seul ».

Le supermarché est l’exemple parfait. Si l’enfant est assis dans le caddie depuis 30 minutes à vous regarder faire les courses pendant que lui est inactif à regarder dévaler une foule d’images colorées et entendre des bruits inhabituels, son cerveau ressent à un moment comme un trop plein. Tous ces stimuli vont créer un phénomène d’excitation et voilà qu’il hurle, ou se dresse debout sur le chariot au point que tu te demandes s’il est possédé… La solution est de l’occuper. Dans ce cas concret, j’arrive à contenir Pierre en le faisant choisir certains articles, on s’amuse à nommer les fruits et légumes. Son cerveau est alors mobilisé et il s’occupe à trouver des solutions plutôt que courir partout pour tuer l’ennui. Il se vit alors comme acteur de ce dont je parle et ne cherche pas à s’opposer.

Dès deux ans, j’ai vite compris qu’il fallait le laisser faire certaines choses seul. Ça demande parfois d’adapter le mobilier de la maison tel que le marche-pieds pour se laver les mains… En faisant les choses à la place de l’enfant, on lui retire la possibilité d’exercer ses nouvelles compétences motrices et le plaisir de réussir et on va alors droit à l’insurrection !

7. Faire le clown et détourner l’attention

Je vous assure que la parentalité positive est avant tout la parentalité créative !! Quand je m’aperçois que Pierre veut entrer en opposition pour changer sa couche, hop, les chatouilles sont de bonne augure pour le faire sourire et qu’il accepte de grimper sur la table à langer ! Je pourrai alors faire des « bisous qui pètent sur son bidou » ! Bref, être parent nous fait devenir intermittent du spectacle chaque jour si bien que j’ai l’impression d’avoir un nez rouge lorsque je me croise dans le miroir !

Utiliser les sabliers, pendules et autres objets pour rendre une attente ludique, ça fonctionne bien chez nous aussi. Exemple : « quand la grande aiguille sera tout en haut, on passe à table ».

Aussi, j’ai remarqué que le comportement indésirable était vite oublié si je trouvais quelque chose de plus intéressant à lui faire faire. J’ai 3 jolis vases et deux bougies en verre sur ma console dans l’entrée et Pierre a décrété que l’une des deux bougies Rituals était un pot de miel ! Ce qui entraine un « ho tu as vu ce petit pot jaune dans ta chambre, ton ours a tout mangé le miel dedans, il a le ventre tout rempli »… Et hop, il se rapproche de sa dinette et laisse mes précieux tranquilles !

8. Anticiper, prévenir

L’histoire du toboggan est l’exemple parfait. C’est très dur pour Pierre d’aller le chercher en bas du toboggan et de le mettre dans la voiture sous prétexte que ce soit l’heure de partir alors que lui n’a aucune notion du temps. J’ai vérifié plusieurs fois que le prévenir qu’on partait après 2 derniers tours de toboggan puis de dire au revoir au toboggan (oui, oui les rituels!), ça se passe beaucoup mieux !

9. Le pouvoir du câlin

Quand ça commence à exploser, rien de mieux qu’un gros câlin pour remplir le réservoir affectif de l’enfant. Il se crée alors comme une décharge d’ocytocine lorsqu’on le sert très fort et le calme revient peu à peu. Je ne vous apprends rien, un enfant a besoin de contact et d’attention pour éviter toute détresse du système nerveux. J’essaie donc de consacrer minimum 30 minutes à une heure par jour (je ne parle pas de l’habillage, et autres gestes quotidiens) de pleine disponibilité pour jouer et discuter avec lui. Ça peut paraitre bateau comme conseil mais encore une fois, je ne suis pas parfaite, et pleine disponibilité signifie « sans téléphone, sans parler à quelqu’un d’autre »… C’est dur dans notre monde moderne !

10. Faire preuve d’empathie

Une des qualités que je me suis découverte grâce à Pierre! Lorsque j’observe certains de ses comportements, je tente de décrire les sentiments qui se reflètent, j’accueille ses émotions. Il parait que ça enseigne la conscience de soi. Sont alors entrées dans mon vocabulaire les expressions de ce type :

  • « tu as le droit d’être fâché, je comprends »
  • « tu t’es fait mal, on va arranger ça ». En y réfléchissant, dire un enfant « ce n’est rien, ce n’est pas grave » lorsqu’il tombe (et se fait tout de même un peu mal), c’est mettre de la confusion dans ses émotions.

Et vous, chers Parents Internautes, avez-vous mis ces outils à rude épreuve ? Avez-vous d’autres conseils ?

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2 Commentaires
  • Angélique
    juin 17, 2018

    Quel plaisir de lire cet article vraiment!! Merci pour ces p’tits conseils on tente d’élever notre fille dans cet état d’esprit justement et c’est pas toujours si simple de choisir les bons mots et bons gestes à chaque situation mais quand on la voit s’épanouir au fil des mois on se dit qu’on s’en sort pas trop mal . Mais y a tjrs des idées piquées à droite et gauche qui nous aident bien au fil du temps . Merci à toi !

    • Justine
      juin 17, 2018

      Salut Angelique ! Merci de ton commentaire ! Partage à souhait cet article sur les réseaux sociaux si tu veux bien, pour véhiculer l’idee ! Bises et bon courage !