À l’origine, un vlog était juste un blog vidéo. Aujourd’hui, ça a pris un tout autre sens : le vlog consiste à se filmer au cours d’une journée, au cours d’un voyage. Que ce soit chez soi ou ailleurs, le concept est différent de la vidéo « face cam' » assise sur une chaise pour partager sur un seul sujet sur lequel on a préparé les grandes lignes. Dans un vlog, on tient une caméra qu’on emmène dans nos déplacements et même si on ne se déplace pas, on immortalise à la maison ce qu’on veut bien partager, même si ça implique de trainer la caméra de la cuisine à la buanderie…
La mode des vlogs est un concept qui, à la fois, me fascine et m’inquiète voire parfois me révolte. Je vais donc vous expliquer pourquoi je choisis de peu vloguer même si je suis persuadée que ça fait grimper l’audience en flèche.
1. Profiter sans vloguer
Je suis déjà énormément connectée à Instagram et même trop. Je ne vous confierai même pas le temps d’écran sur mon iPhone car j’ai un peu honte de ce chiffre comme on ne communiquerait pas celui sur son pèse-personne. Je ne fais pas officiellement de shooting pour mes photos Instagram donc lorsqu’on se retrouve dans un endroit où le cadre et ma tenue se prêtent à une jolie photo, il peut être déjà pesant de systématiquement proposer à l’Amoureux « on s’arrête tu peux me prendre en photo stp? »tandis que ce dernier n’a pas franchement ce genre de réflexe. En outre, je ne dois pas être faite pour cela non plus car je n’ai pas envie, en plus de cela, de vivre ma vie au travers le viseur d’une caméra. Beaucoup disent « mais si on profite quand même, c’est une habitude »… Hop hop hop, c’est faux! À partir du moment où créer du contenu sur YT et IG est devenu un gagne-pain, cela veut dire que vloguer implique de ramener son travail à la maison et je trouve alors qu’on devient presque acteur de télé-réalité en endossant cette tâche. Me concernant, mon blog m’occupe assez l’esprit pour que je ne souhaite pas vivre ma vie du bout de ma caméra. Certes, vous trouvez quelques vlogs sur ma chaine :
- de mes voyages car dans ce cas, je trouve le concept intéressant pour partager de nouveaux horizons et de bonnes adresses… Dans ce cas-là, je choisis de filmer quelques morceaux sans parler constamment à ma caméra…
- de quelques journées de mon quotidien les fois où j’ai eu envie de partager avec vous des éléments que je n’arrivais pas à imbriquer dans un thème de vidéo. Enfin, je pense vivre loin du phénomène daily vlog.
On peut dire que les vlogueurs gagnent leur vie à la raconter. En outre, croyez-moi, c’est fatiguant de filmer et monter des heures de vie chaque jour.
2. Ne pas infliger la caméra à mes proches
En pensant à certaines familles de vlogueurs, je suis impressionnée comme ils ont converti tous leurs proches à passer devant la caméra. De mon côté, je fréquente des gens qui vivent très loin des réseaux sociaux et c’est très bien comme ça. Je ne me verrais pas sortir la caméra lors d’un dîner entre amis pour raconter à ma communauté le repas que j’ai préparé et à quel jeu de société nous allons jouer.
Pourtant, il m’est arrivé d’introduire la caméra dans une journée entre copines (voir ici). Comme c’est anecdotique (j’ai passé de nombreuses journées avec des amis depuis sans filmer, rassurez-vous), c’est ok. Sincèrement, mes amis trouveraient vraiment étrange que je raconte chacune de nos rencontres à un appareil photo. Je pense qu’ils seraient gênés de ce qui pourrait transparaitre d’eux à l’écran. C’est une chose de raconter par écrit quelques bribes de ma vie en évoquant certains proches, c’est une autre de mettre des films sur des faits. Et la sensation d’une caméra devant le nez avec le but de publier sur internet, ça peut presque être vécu comme un couteau sous la gorge. Je pense qu’ils pourraient aussi être justement irrités que je survole le moment avec eux pour être sûre de le retranscrire en vlog.
3. Un minimum de vie privée
Me concernant, vloguer chaque jour ou encore chaque semaine impliquerait de dévoiler beaucoup de détails de ma vie privée et par ricochets de celle des membres de mon foyer. Dans cet article, je vous parlais de mes raisons à ne pas exposer mes enfants sur les réseaux sociaux. Vloguer à un rythme soutenu irait à l’encontre de mes positions sur ce cas.
J’ai même parfois du mal à comprendre la naïveté de certains vlogueurs à partager l’intégralité de leur emploi du temps sur internet : « j’habite dans telle ville » (dont vous avez vu les images de mon quartier des milliers de fois) « et à telle heure on prend l’avions 865 pour Paris, il n’y aura personne à la maison ». Ce sont de nombreuses portes ouvertes au cambriolage, au harcèlement… Des phénomènes qui mettraient en danger mes enfants.
4. Est-ce intéressant et intelligent ?
J’ai passé le cap de me trouver arrogante quand je poste une photo de moi sur la toile. Ça fait partie du jeu, je l’assume. En revanche, je trouve le vlog quotidien hyper égocentrique. Je regarde régulièrement quelques vlogs de deux ou trois familles que je continue d’apprécier mais j’ai toujours le recul de me dire « nan mais quel égocentrisme! ». Soyons honnêtes, quand ton vlog s’appelle « ma fille de 3 ans va chez le coiffeur » ou « mon fils ne va pas à l’école aujourd’hui », qui osera me dire que le contenu est fondamentalement créatif, intéressant et cultivant ?
En fait, je suis même effrayée de constater les milliers de vues sous les vidéos de ce type parce que je me dis que ça reflète la culture de la société actuelle. Effectivement, pendant que l’abonné lambda regarde une vidéo sur le gamin qui n’est pas allé à l’école car il a une otite, cet abonné ne lit pas un livre de Zola, ou ne va pas courir un footing. Il ne passe pas du temps avec ses proches non plus. Pourtant, je pense que les trois options précédentes sont meilleures pour mon épanouissement que le fait de regarder un vlog comme si j’épiais la vie des autres par un trou de serrure.
J’ai revu Bénédicte pour déjeuner depuis notre rencontre. Nous n’avons pas vloguer mais pour dire quoi aurions-nous vloguer : « coucou, on mange ensemble, super ! » ? Je ne dis pas que vous ne verrez plus ce type de passage sur ma chaine. Je dis que le fait que ce soit une routine me dérangerait beaucoup. Je ne considère pas que vous prendre du temps quotidien pour me regarder manger avec une copine vous apporte du bon. Je ne trouve pas que ce soit du contenu créatif non plus dans le sens où les quelques vlogs de mon quotidien ne me rendent pas hyper fière du contenu. De plus, je ne veux pas que mes enfants croient que raconter sa life en vidéo est satisfaisant.
Il faut savoir que les gens qui vloguent sont aussi public de différents vlogs, ce que je trouve assez drôle. On se retrouve dans une mise en abîme poussée à l’extrême dans ce moment bizarre où l’on filme quelqu’un qui est en train de filmer quelqu’un ! Surtout, qu’est-ce que ça devient chronophage ! En parallèle, ça me fascine de gagner sa vie ainsi. Allez hop, vivons dans un monde où tout le monde va se filmer et échanger ses vidéos pour distribuer des conseils en s’auto-proclamant expert d’un sujet !
N’étant pas du genre fan-attitude, je passe sûrement à côté du phénomène de starification des blogueurs mais je trouve que c’est mieux pour moi ainsi.
Katellen
février 26, 2020Je partage ton avis. Je regarde quelques vlogs, essentiellement ceux qui me permettent de voyager par l’intermédiaire du youtubeur (je ne rate aucun vlog voyage du Blog de Néroli par exemple). Parfois, je regarde les blogs de certaines chaînes parce que ce sont des filles que je suis parfois depuis leurs débuts mais si le sujet ne m’intéresse pas, ça ne me gêne pas d’éteindre et de passer à autre chose. Je suis assez gênée par la mise en scène de moments intimes même si je peux comprendre que ça permet à certaines de gagner leur vie. Et je pense pareil pour les stories instagram : ça me met mal à l’aise de voir la nana filmer son réveil encore au lit avec son mec, en petite culotte, la main allant et venant nonchalamment sur le torse musclé de monsieur. Et tu as raison pour l’intérêt de faire l’effort de se décrocher de ces images parfois addictives pour faire autre chose (j’avoue que j’ai parfois du mal…, le soir devant une série Netflix, je m’impose de prendre ma broderie pour ne pas regarder Instagram en même temps !). Et sinon, c’est qui Zola ???
Justine
février 26, 2020Coucou, oui c’est parfois addictif car tellement voyeuriste.
Peut-être je n’ai pas saisi ton second degré pour Zola mais c’est un des plus célèbres romanciers français du 19ème siècle chef de file du naturalisme (voici https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Zola ) ;) bises
Katellen
février 26, 2020C’était du second degré ! Heureusement… Mon fils s’appelle d’ailleurs Aristide en référence notamment à Aristide Bousicaud, créateur du premier grand magasin parisien et qui a servi de modèle à Zola dans Le bonheur des dames (je suis fan du XIXe et d’Émile aussi !).
Justine
février 26, 2020Ouf ! J’avoue j’ai eu peur
Quel joli prénom Aristide !
Bisous
Nathalie
février 26, 2020C’est vrai que cet engouement pour les vlogs me dépassent,en fait j’ai l,impression que les gens aiment vivre par procuration et quant aux vlogueurs,j’ai l’impression qu’ils ne profitent pas de ce qu’ils vivent et qu’on ne me dise pas qu’à travers l’oeil de la caméra on en profite,dans un autre registre,il m’est arrivée de faire une sortie en ler pour voir baleines et dauphins,ils étaient au rendez vous et j’ai voulu les photographier mais pas facile et puis devant le non résultat,photos râtées et finalement ne rien voir, et bien j’ai décidé de profiter du moment et j’ai pu voir les dauphins joués, sautés et finalement c’est bien ça l’essentiel. Profiter du moment présent.