Selon le Larousse, côté psychologie, la résilience est « l’aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques ». Ce mot m’a été donné sur Instagram lorsque j’ai lancé #lesmotsiceberg. C’est un joli mot qui m’inspire à parler du rapport que chaque femme peut avoir avec son corps, notamment après une ou plusieurs grossesses. Je vous ai parlé du post-partum en vidéo comme de la période où on essaie de vivre avec cette enveloppe corporelle d’après grossesse, ce corps d’après accouchement. Il faut dire que ces deux évènements s’avèrent parfois traumatiques pour le corps et/ou l’esprit.
Cet été, j’ai trouvé que, après la vague de grossophobie qui aurait donné envie de crever étranglée par une bretelle de bikini durant le confinement, on a vu déferler plus que jamais les nombreux hashtags sur le sujet de l’acceptation de soi : #bodypositive #moncorpschéri #bikinibody, etc. Le grand marronnier de la blogueuse qui voyage et pose en maillot de bain régulièrement. Ces posts à la mode revendiquent haut et fort qu’il faut se montrer tel qu’on est vraiment… Sur les réseaux sociaux bien sûr car en dehors, Photoshop ne fonctionne pas, n’est-ce pas ? Et puis, dans la vraie vie, les gens sont bien trop égocentriques pour regarder vos défauts.
Alors pour revenir aux réseaux sociaux, entre vous et moi, se montrer telle qu’on est réellement, il m’apparait difficile de faire autrement. Voyez-vous, je n’ai trouvé que ce corps-là ce matin dans mon dressing! Certes, il n’est plus de première jeunesse comme celui qui a vu le jour à l’aube d’un beau matin de mi-octobre 1987 mais mes parents me l’ont offert ainsi alors j’y tiens. Quoiqu’en ces temps estivaux, la teinte de ce corps n’est plus aussi uniforme qu’autrefois et exhibe des coloris différents par endroits voire des liserés bleus parfois… Aujourd’hui, je le porte un peu sur-taillé et donc, ça plisse un peu par endroits quand je m’assoie voire entre les sourcils quand je m’inquiète ou m’énerve. Cette enveloppe corporelle a aussi dû subir quelques coutures d’urgence pour réparer certains dégâts çà et là… En revanche, je n’ai pas beaucoup de principes mais le peu que je me suis fixés m’empêche de le faire reprendre, ce corps. D’autant que mon porte-monnaie me l’interdirait…
Pour vous parler de mon vécu sur ma résilience avec mon corps, notamment après la grossesse, je me suis moi aussi, pendant longtemps après chacune de mes grossesses, échinée à vouloir retrouver mon corps d’avant grossesse. Et cela jusqu’à ce que je percute que c’était vain. Mon corps, celui qui avait fabriqué deux jolies paires de petits pieds, je ne l’avais jamais perdu en fin de compte! Mon corps après grossesse est bel est bien le même que celui d’avant grossesse et surtout, c’est le même que celui que j’ai tant chéri pendant mes grossesses. Je fais partie de ces femmes qui kiffent être enceinte et qui ressentent tellement de bien-être dans ce corps habité et arrondi.
Ce corps aujourd’hui, c’est le même que m’ont fabriqué mes chers parents… C’est ce même corps qui a fait des rondes à l’école, ces mêmes jambes qui traversaient autrefois à vélo la cour de Papi et Mamie, ce sont ces mêmes mains qui ont appris à écrire, ces mêmes joues qui tapaient la bise à mes camarades de collège, de lycée, de fac… C’est bien avec cette tête que j’ai été reçue à tous mes examens! C’est bien ce corps qui a séduit le père de mes enfants (et il a assisté à mes deux accouchements et il est resté, pour vous dire) et qui m’a permis de porter la vie à deux reprises. C’est ce corps imparfait d’aspect mais fonctionnel qui me porte chaque jour avec mes idées, mes objectifs, avec ses souvenirs et ses séquelles!
Mon corps est mon allié de chaque jour et pour toujours, il est le seul corps avec qui je passerai irrévocablement le restant de mes jours alors pourquoi serais-je en train de chercher à le retrouver ? Contrairement à d’autres qui se battent pour vivre avec un corps un peu cassé ou diminué, je n’ai perdu aucun membre et ne souffre d’aucune maladie. Mon corps me permet de courir, de marcher, de pédaler, de souffler, de respirer… Alors que veut-on retrouver au juste après une grossesse ? Ne devrait-on pas avouer clairement « je veux perdre du poids » et énoncer clairement que « mes hanches se sont élargies » plutôt que de se mentir faute d’un code sociétal qui trouve naze de prononcer le mot « poids ». D’ailleurs, se visualiser l’idée d’une perte de poids chiffrée et d’une routine sport organisée plutôt qu’une expression floue de retrouvailles d’un corps d’une autre époque de sa vie est à mon sens plus bénéfique pour se mettre un objectif et l’atteindre un jour.
Au-delà des grossesses, toute ma vie en me regardant dans le miroir, j’ai longtemps cherché à voir autre chose : un corps plus ferme, des fesses plus galbées et plus petites, des genoux mieux axés, des seins moins petits… Encore aujourd’hui, il m’arrive de vouloir retrouver ma jambe d’avant accident… Il m’arrive encore aussi de me regarder bien trop longtemps dans un miroir… Bref, j’ai longtemps détesté mon corps jusqu’à piger un jour, à plus de 30 ans, que mon regard envers lui reflétait la bienveillance que je lui portais ou plutôt le manque de bienveillance. Voire sûrement celle que je portais sur les autres d’ailleurs… Bref, mon propre regard était pernicieux. L’enfer, c’était moi, avant les autres!
Un jour, je n’ai plus cherché à retrouver mon corps d’avant grossesse car j’ai compris avec beaucoup de bien-être que je ne l’avais pas perdu. Celui de mon adolescence non plus d’ailleurs, celui-là, il a retenu la leçon de ses erreurs! 2 ans après ma dernière grossesse, mon corps est là, fidèle guerrier qui a donné la vie et je le bouge bien plus qu’avant d’avoir mes enfants.
Je ne dis pas que vouloir perdre du poids après la grossesse est bien ou mal, je pense juste qu’il faut juste le formuler ainsi. Personnellement, j’ai fini par comprendre que vouloir retrouver mon corps d’avant, c’était refuser le corps de maintenant et ne plus le voir tandis que c’est avec ce corps que j’ai pu et peux encore cheminer vers ce que j’avais perdu comme un poids affiché sur la balance ou de la fermeté par manque d’activité… Et tout simplement, c’est avec ce corps que j’ai fini par me diriger vers la résilience. Le chemin n’est pas forcément court et je n’ai pas de recette qui conduise à l’acceptation de soi mais je crois que de la bienveillance et de l’indulgence envers soi-même et prendre soin de soi aident beaucoup au bonheur.
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