Et oui, je vous parle encore de cet auteur! Hé, soyez souples hein, ce n’est que la deuxième fois!
Oui, en mai dernier, je vous parlais d’un autre de ses romans qui m’avait chamboulée de la tête aux pieds : Où on va papa ?
Si tu veux une piqûre de rappel, l’article est ici.
Et bien, son roman Veuf, écrit suite à la mort de sa femme m’a tout autant émue. Plus précisément, il s’agit de sa deuxième femme qui l’a soutenu pour s’occuper des deux enfants handicapés de l’auteur dont elle n’était pas la mère.
On reconnait encore chez Jean-Louis Fournier un talent de poète cynique doué d’ironie et d’intelligence pour évoquer les sujets poignants et douloureux. Sujets graves qui, en général, ne sont pas faciles à tourner en dérision.
J’imagine comme ça doit être dur de continuer à vivre dans un monde où son âme-sœur a cessé d’exister et de continuer à réaliser les tâches du quotidien.
Cela me fait penser à ce passage où il veut du coup supprimer le numéro de portable de sa femme qui ne servira plus jamais : « Sur mon téléphone portable, j’ai retiré ton nom de mes contacts. J’ai appuyé sur « chercher », j’ai fait dérouler tous les noms jusqu’à « Sylvie », puis j’ai appuyé sur « option » et là j’ai choisi « supprimer ». Mon écran a affiché une terrible question : « Supprimer Sylvie ? ». J’ai hésité longtemps. Finalement, j’ai enfoncé avec émotion la touche « OK ». J’avais l’impression d’être le président de la République qui appuyait sur le bouton rouge de la bombe atomique. Est apparu alors sur l’écran une petite poubelle avec un couvercle sautillant qui s’est posé dessus pour la fermer. Voilà, c’était fait, je t’avais mise à la poubelle.«
Rien que la photo de couverture, qui correspond à une vraie photographie de l’auteur et de sa femme, dégage quelque chose d’attachant…
Je trouve l’exercice d’écriture d’autant plus réussi que c’est à nouveau rédigé dans un bouquin très court!
Une magnifique déclaration d’amour à une femme qui ne le lira jamais, racontée au fil des regrets qu’il peut maintenant avoir, des moments de bonheur dont il se souvient, ceux du quotidien qui forgent la vie de couple. Réflexion aussi sur le deuil et l’affrontement des remarques, regards, attitudes des autres face à ce malheur.
En lisant ce livre, il m’a à nouveau foutu une claque le Jean-Louis tout en me faisant sourire, un truc de dingue! Je vous laisse avec le résumé :
« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement.
J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »
giraud
octobre 30, 2013pour mettre le « bourdon » et bien mission réussie! ouf!!! mais j’aimerai le lire et je vais déjà lire le précédent ! très bonne écriturepour le résumé.
biendanssapeau
novembre 1, 2013hé bien là où il est très fort c’est que avec ces deux livres dont j’ai parlé, il arrive à nous faire pleurer mais aussi à nous faire rire!